Tradition orale et résistance amazighe dans l'atlas marocain (1912-1936)
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Aus der Einführung: Le présent volume contient une collection partiellement inédite de textes en langue vernaculaire sur la résistance armée des Imazighen (Berbères), dans l’Atlas et le Sud-Est marocain, au début du XXe siècle, et livre un regard nouveau sur les combats vus du côté des résistants marocains de haut-mont. S’écartant de l’habituelle démarche où prime l’avis du conquérant, dans le cas présent c’est donc la voix de l’autre, du dominé, du colonisé qui se fait entendre. De plus, s’appuyant sur une tradition orale encore vivace, il apporte une note de fraîcheur à ces évènements d’un passé récent, en les éclairant d’un jour nouveau. Les textes figurant dans le présent recueil proviennent de deux régions tamazightophones du Maroc. Premièrement, le pays Beni, plutôt Aït Ouaraïn dont les terroirs et parcours s’étendent entre Taza et la Moulouya dans le nord-est du Moyen Atlas, région de hautes crêtes et de cédraies. Deuxièmement, le cœur du pays amazigh, région des Aït Yafelman et des Aït Sokhman, véritable bastion montagneux entre le Moyen Atlas occidental au nord-ouest, Midelt au nord-est, Zaouit ech-Cheikh au sud-ouest, ainsi que le Haut Atlas oriental et le Sud-Est marocain. Région attachante, aux perspectives dégagées, présentant des crêtes majestueuses dépassant largement les 3.000 mètres d’altitude (dont l’Âari ou Âyyach, 3.737 m). Région où, en une journée, il est possible d’alterner entre palmeraies de basse vallée et hauts sommets enneigés ; entre la vaste steppe d’alfa d’Ikhf Amane et la forêt mixte de l’arrière-pays de Tounfit. C’est dans ce biotope inattendu, de par sa froidure semi-alpine, dans des hautes vallées sans arbres parsemées de ksour et parcourues de torrents, ou dans des villages dispersés au pied de grandioses cédraies le long des versants amalu (‘de l’ombre, ubac’) que, tournant le dos à la chaleur et l’aridité présaharienne, se sont fixées de vieilles populations de transhumants de langue amazighe. D’une série d’excursions dans les montagnes de ces régions devait naître un attachement profond vis-à-vis du pays, de ses habitants, de leurs coutumes et de leur langue. En même temps qu’une auto-initiation à la langue amazighe, à partir de 1980 je m’étais fixé comme tâche de réunir sur place un corpus de littérature orale concernant les campagnes de l’Atlas marocain, épisode de la pénétration militaire française, connu dans le langage de la litérature coloniale sous le titre de « Pacification ».