Le processus de communication est un objet complexe qui intéresse toutes les sciences humaines, et son étude est donc le terrain où celles-ci sont fatalement amenées à se rencontrer. Plutôt que d'en proposer une théorie prématurée et réductrice, le présent ouvrage rassemble des approches partielles, mais convergentes, philosophiques, sémiotiques, logiques, linguistiques et socio-linguistiques. L'interaction communicative, ses manoeuvres et stratégies, les formes d'intersubjectivité qui s'y développent, les méta-discours auxquels elle donne lieu, sont abordés dans un esprit d'ouverture interdisciplinaire.
Alain Berrendonner Knihy


A force d'analyser toutes sortes de discours, il fallait bien que la linguistique en vienne à s'intéresser au sien propre. Cet ouvrage tente, à l'aide des instruments d'analyse les plus récents, et notamment des méthodes de la pragmatique, une étude des textes grammaticaux français, du XVIIe siècle au XXe. L'examen des stratégies d'énonciation fait apparaître les constantes d'un «genre littéraire», le discours normatif, dont la fonction, incontestablement idéologique, reste cependant ambiguë: le texte grammatical vise-t-il à prescrire efficacement le «bon Usage», ou plutôt à provoquer une auto-évaluation de ses lecteurs, et par là à les répartir en «classes»? Quoiqu'il en soit, l'observation montre que les «linguistes» contemporains ne pratiquent pas un langage différent de celui des «grammairiens» du passé, et sont aussi normatifs. Il semble donc qu'il n'y ait pas deux façons de parler de la langue, et qu'il existe bien un «éternel grammairien», archétype normatif qui n'est pas mort avec Saussure.